[Édito] Une apnée jusqu’au 11 mai aux dépens des équipes et des petites entreprises ?
D’après les derniers chiffres du ministère du Travail, au 8 avril, 669.000 établissements ont effectué une demande de chômage partiel. Soit 586 000 entreprises. Un doublement des demandes depuis le 31 mars ! Quatre secteurs d’activité représentent presque les deux tiers de ces demandes : la réparation des automobiles (22,5 %), l’hébergement et la restauration (14,7 %), la construction (14,2 %), et les activités de services spécialisés, scientifiques et techniques (12,9 %). Ces demandes sont le fait à 60% d’entreprises de moins de 50 salariés, les entreprises de plus de 250 salariés ne représentant que 15% des demandes d’activité partielle.
Voici les chiffres à mi-chemin du confinement général. Mais que pouvons-nous attendre des mesures prises à partir du 11 mai ? Pour les petites entreprises se posent la question de leur survie. Tel un compte à rebours.
De nouvelles aides voient le jour mais le délai pour les accorder sera-t-il assez bref pour octroyer un sursis à des entreprises presque à genoux ? La solidarité ne doit pas être que sanitaire elle doit aussi concerner les relations entre donneurs d’ordre et prestataires, entre grand groupes et start-up, entre entreprises et freelances.
Pour les autres, la continuité du télétravail et la nature des missions vont se poser. Car la lettre et l’esprit ne seront pas les mêmes. Si à la lettre, nous nous déconfinerons à partir du 11 mai. L’esprit, lui, ne sera pas au nouveau business, aux rendez-vous extérieurs, aux événements professionnels… L’apnée va encore durer. Et dans cet effort, le premier client de l’entreprise demeure le collaborateur.
Nos équipes, aussi dévouées soient-elles, fatiguent
Quel que soient les conditions d’exercice, les collaborateurs et les équipes sont confrontés à de nouveaux risques : stress sanitaire, stress lié à la perte d’emploi et au télétravail, incertitudes sur le maintien de l’activité, motivation en berne car perte de vue des objectifs à moyen terme… Nos équipes, aussi dévouées soient-elles, fatiguent. Le télétravail dans la durée dans un environnement stressant est un modèle de fonctionnement inédit.
Gare au marketing RH
Des mesures managériales sont prises : séminaires virtuels, apéritifs entre collègues, appels informels de la part des managers pour prendre le pouls des équipes, déguisements en tout genre en « visio » et célébration sur les réseaux sociaux… Mais gare au marketing RH à l’heure où les entreprises revoient à la baisse l’augmentation des salaires, les recrutements et imposent la prise de congés.
Quel sera notre état d’esprit ? Que ferons-nous le jour d’après – visiblement armés d’un masque dans les transports en commun
Le bien-être des salariés est ainsi un enjeu majeur. Quel sera notre état d’esprit ? Que ferons-nous le jour d’après – visiblement armés d’un masque dans les transports en commun, lorsqu’il faudra reconstruire si les équipes sont traumatisées, démotivées et surtout lessivées par les exigences actuelles de nos emplois en première ligne ou à domicile.
Pour soutenir cette réflexion, nous vous proposons dans cet envoi, deux contenus diamétralement opposés qui reviennent sur le confinement dans la durée. Le témoignage du vice-amiral Puy-Montbrun, ancien commandant de sous-marin sur la vie de bord lors des missions qui durent plus de 10 semaines. Et une interview vidéo d’Anne-Charlotte Vuccino, entrepreneure et fondatrice de Yogist, qui permet de réaliser des exercices à domicile sans tenue de sport et sans ésotérisme pour se détendre malgré le confinement. Bonne lecture. Et surtout bon courage pour tout !
Geoffroy Framery